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environs ; dans cette ville, les points de vue abondent. Du milieu des rues, vous n’apercevez que les maisons qui les bordent ; mais traversez une grande place, montez quelques degrés, ouvrez une fenêtre, sortez sur un balcon, sur une terrasse, vous découvrez aussitôt une ville nouvelle, immense, répandue sur des collines assez profondément séparées les unes des autres, par des champs de blé, des étangs, des bois même : l’enceinte de cette cité est un pays, et ce pays se prolonge jusque vers les campagnes inégales, mais dont les ondulations ressemblent aux vagues de la mer. La mer, vue de loin, fait toujours l’effet d’une plaine.

Moscou est la ville des peintres de genre ; mais les architectes, les sculpteurs et les peintres d’histoire n’ont rien à y voir, rien à y faire. Des masses d’édifices espacés dans des déserts y forment une multitude de jolis tableaux, et marquent hardiment les premiers plans des grands paysages qui rendent cette vieille capitale un lieu unique dans le monde, parce qu’elle est la seule grande cité qui, tout en se peuplant, soit encore restée pittoresque comme une campagne. On y compte autant de routes que de rues, de champs cultivés que de collines bâties, de vallons déserts que de places publiques. Sitôt qu’on s’éloigne du centre on se trouve dans un amas de villages, d’étangs, de forêts plutôt que dans une ville : ici vous apercevez