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la règle ; mais chez nous comme ailleurs, les lois ont souvent plié sous les intérêts ; toutefois, l’histoire atteste que le clergé catholique est encore celui qui, dans le monde entier, sait le mieux défendre les droits sacrés de l’indépendance sacerdotale contre les usurpations de la politique humaine.

L’Impératrice nonne mourut à Moscou, au monastère de Devitscheipol, en 1731.

Le préau de l’église est en partie consacré au cimetière, qui est beau. En général, les couvents russes ont plutôt l’air d’une agglomération de petites maisons, d’un quartier de ville muré que d’une retraite religieuse. Souvent détruits et rebâtis, ils ont une apparence moderne ; sous ce climat où rien ne dure, nul édifice ne peut résister à la guerre des éléments. Tout s’use en peu d’années, et tout se refait à neuf ; aussi le pays a-t-il l’apparence d’une colonie fondée de la veille. Le Kremlin seul semble destiné à braver les hivers, et à vivre autant que l’Empire dont il est l’emblème et le boulevard.

Mais si les couvents russes n’imposent pas par le style de l’architecture, l’idée de l’irrévocable inspire toujours le respect et la crainte. En sortant de cette enceinte, je n’étais guère en train de me mêler à la foule dont le bruit m’importunait. La nuit montait doucement jusqu’au faîte des églises ; je me mis à examiner un des plus beaux sites de Moscou et des