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n’ont pas été reconnus pour légitimes par l’État, mais sa conscience de chrétien était tranquille.

Si je tenais ce fait d’un homme du pays, je ne vous le raconterais pas, de crainte d’être dupe d’un mystificateur : vous savez qu’il est bon nombre de Russes qui s’amusent à mentir pour dérouter les voyageurs trop curieux et trop crédules, ce qui ne laisse pas que d’entraver un métier difficile partout pour qui veut l’exercer en conscience, mais plus difficile ici que partout ailleurs : le métier d’observateur.

Le corps des négociants est très-puissant, très ancien et très-considéré à Moscou ; l’existence de ces riches trafiquants rappelle la condition des marchands de l’Asie : nouveau rapport entre les moeurs moscovites et les usages de l’Orient, si bien retracés dans les contes arabes. Il y a tant de points de ressemblance entre Moscou et Bagdad, que lorsqu’on voyage en Russie, on perd la curiosité de voir la Perse : on la connaît.

J’ai assisté à une fête populaire autour du monastère de Devitscheipol. Là les acteurs sont des soldats et des mougiks ; les spectateurs sont des gens du monde qui ne laissent pas que d’y venir en grand nombre. Les tentes et les baraques où l’on boit sont plantées près du cimetière : le culte des morts sert de prétexte au plaisir du peuple. La fête a lieu en commémoration de je ne sais quel saint dont on visite scru-