de l’ignorance, elle s’est même enracinée jusque chez les voisins : si le pope crie, aussitôt les paysans infectés sont envoyés en Sibérie, ce qui ruine le seigneur, lequel, s’il est prévoyant, fait taire le pope par plus d’un moyen ; et quand, malgré tant de précautions, l’hérésie arrive au point d’éclater aux yeux de l’autorité suprême, le nombre des dissidents est si considérable qu’il n’est plus possible d’agir : la violence ébruiterait le mal sans l’étouffer, la persuasion ouvrirait la porte à la discussion, le pire des maux aux yeux du gouvernement absolu ; on n’a donc recours qu’au silence qui cache le mal sans le guérir, et qui, au contraire, le favorise.
« C’est par les divisions religieuses que périra l’Empire russe ; aussi, nous envier, comme vous le faites, la puissance de la foi, c’est nous juger sans nous connaître !! »
Telle est l’opinion des hommes les plus clairvoyants et les plus sincères que j’aie rencontrés en Russie……
Un étranger digne de foi, établi depuis longtemps à Moscou, vient aussi de me raconter qu’un marchand de Pétersbourg le fit dîner, il y a quelques années, avec ses trois femmes ; non pas ses concubines, mais ses femmes légitimes : ce marchand était un dissident, sectateur secret d’une nouvelle église. Je pense que les enfants que lui ont donnés ses trois épouses