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parce que la sincérité gauloise se refuse à tirer parti du mensonge pour gouverner les hommes ; mais le génie calculateur d’une nation rivale a su se plier mieux que nous au joug des fictions salutaires. La politique de l’Angleterre, pays où règne l’esprit par excellence, n’a-t-elle pas généreusement rémunéré l’inconséquence théologique et l’hypocrisie religieuse ? L’Église anglicane est certes beaucoup moins réformée que ne l’est l’Église catholique, depuis que le concile de Trente a fait droit aux réclamations légitimes des princes et des peuples ; il est absurde de détruire l’unité, sous prétexte d’abus, tout en perpétuant ces mêmes abus pour l’abolition desquels on s’est arrogé le funeste droit de faire secte ; pourtant, cette Église fondée sur des contradictions patentes et appuyée sur et par l’usurpation, aide encore aujourd’hui le pays à poursuivre la conquête du monde, et le pays la récompense par une protection hypocrite ; cela peut paraître révoltant, mais c’est un moyen de force. Aussi je soutiens que ces inconséquences et ces hypocrisies monstrueuses ne sauraient choquer des philosophes ni des hommes d’État. — Vous ne prétendez pas dire qu’il n’y ait nuls chrétiens de bonne foi chez les anglicans ? — Non, j’admets des exceptions, il y en a toujours à tout ; je soutiens seulement que, chez ces chrétiens-là, le grand nombre manque de logique, ce qui n’empêche pas, je vous le répète,