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D’autres voyageurs ont dit avant moi que moins on connaît un Russe et plus on le trouve aimable : on leur a répondu qu’ils parlaient contre eux-mêmes, et que le refroidissement dont ils se plaignaient ne prouvait que leur peu de mérite : « Nous vous avons bien accueillis d’abord, leur disent les Russes, parce que nous sommes naturellement hospitaliers ; et si nous avons ensuite changé pour vous, c’est que nous vous avions estimé plus que vous ne valez. » Cette réponse a été faite il y a longtemps à un voyageur français, écrivain habile, mais d’une excessive réserve, commandée par sa position, et dont je ne veux citer ici ni le livre ni le nom. Le petit nombre de vérités qu’il avait laissé entrevoir dans ses récits pâles de prudence, lui ont attiré néanmoins beaucoup de désagréments. C’était bien la peine de se refuser l’usage de l’esprit qu’il avait pour se soumettre à des vanités qu’on ne peut jamais désarmer, pas plus en les flattant qu’en en faisant justice ! Il n’en coûte pas davantage de les braver : c’est ce que je fais, comme vous le voyez. Sûr de déplaire, je veux que ce soit pour avoir dit la vérité tout entière.

Moscou s’enorgueillit du progrès de ses fabriques ; les soieries russes luttent ici avec celles de l’Orient et de l’Occident. La ville des marchands, le Kitaigorod, ainsi que la rue surnommée le Pont des Maréchaux, où se trouvent les boutiques les plus élégantes, sont