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qui représentent au-dessus de la ville sainte des colosses de prêtres perpétuellement en prière ; représentez-vous le tintement adouci des cloches dont le son est particulièrement harmonieux en ce pays, murmure pieux qui s’accorde avec le mouvement d’une foule calme, et cependant nombreuse, continuellement animée, mais jamais agitée par le passage silencieux et rapide des chevaux et des voitures dont le nombre est grand à Moscou comme à Pétersbourg ; et vous aurez l’idée d’un soleil couchant dans la poussière de cette vieille cité. Toutes ces choses font que chaque soir d’été, Moscou devient une ville unique au monde : ce n’est ni l’Europe ni l’Asie : c’est la Russie, et c’en est le cœur.

Au delà des sinuosités de la Moskowa, au-dessus des toits enluminés et de la poussière pailletée de la ville, on découvre la montagne des Moineaux. C’est du haut de cette côte que nos soldats aperçurent Moscou pour la première fois…..

Quel souvenir pour un Français !! En parcourant de l’œil tous les quartiers de cette grande ville, j’y cherchais en vain quelques traces de l’incendie qui réveilla l’Europe et détrôna Bonaparte. De conquérant, de dominateur qu’il était en entrant à Moscou, il est sorti de la ville sainte des Russes fugitif et désormais condamné à douter de la fortune, dont il croyait l’inconstance vaincue.