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trouvent Saint-Pétersbourg et Kronstadt, les deux arsenaux de Moscou ; enfin elle s’étend vers l’ouest et le sud, depuis la Vistule jusqu’au Bosphore, où les Russes sont attendus ; Constantinople sert de porte de communication entre Moscou, la ville sainte des Russes, et le monde !!… Certes, la majesté de cette ville Impériale, avec toutes ses succursales situées vers les quatre points du ciel, serait imposante entre toutes les puissances de ce monde, et justifierait le superbe emblème des couronnes du trésor gardé au Kremlin.

L’Empereur Nicolas, malgré son grand sens pratique et sa profonde sagacité, n’a pas discerné le meilleur moyen d’atteindre un tel but : il vient de temps en temps se promener au Kremlin ; ce n’est pas suffisant ; il aurait dû reconnaître la nécessité de s’y fixer ; s’il l’a reconnue, il n’a pas eu la force de se résigner à un tel sacrifice : c’est une faute. Sous Alexandre, les Russes ont brûlé Moscou pour sauver l’Empire ; sous Nicolas, Dieu a brûlé le palais de Pétersbourg pour avancer les destinées de la Russie : et Nicolas n’a pas répondu à l’appel de la Providence. La Russie attend encore !… Au lieu de s’enraciner comme un cèdre dans le seul terrain qui lui soit propre, il remue, il bouleverse ce sol pour y bâtir des écuries et un palais. Il veut, dit-il, se loger plus commodément pendant ses voyages, et dans cet intérêt