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les verreries de tous les pays et de tous les siècles abondent dans cette merveilleuse collection, dont un vrai curieux ne terminerait pas l’inventaire en une semaine. J’ai vu là, outre les trônes ou fauteuils de tous les princes russes de tous les siècles, les caparaçons de leurs chevaux, leurs vêtements, leurs meubles ; et ces choses plus ou moins riches, plus ou moins rares éblouissaient mes yeux. Je vous fais penser aux palais des Mille et une Nuits ; tant mieux, je n’avais plus que ce moyen de vous décrire un séjour fabuleux, si ce n’est enchanté.

Mais ici l’intérêt de l’histoire ajoute encore à l’effet de tant de merveilles : combien de faits curieux ne sont-ils pas enregistrés là pittoresquement, et attestés par de vénérables reliques !… Depuis le casque ouvragé de saint Alexandre Newski jusqu’au brancard qui portait Charles XII à Pultawa, chaque objet vous rappelle un souvenir intéressant, un fait singulier. Ce trésor est le véritable album des géants du Kremlin.

En terminant l’examen de ces orgueilleuses dépouilles du temps, je me suis rappelé, comme par inspiration, un passage de Montaigne que je vous copie, pour compléter par un contraste curieux cette description des magnificences du trésor moscovite. Vous savez que je ne voyage jamais sans Montaigne :