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pouvaient se passer du secours des étrangers pour bâtir. Cette église avait croulé plusieurs fois sur les ignorants ouvriers employés à la construire par de plus ignorants architectes ; enfin après deux années d’essais infructueux tentés par des artistes moscovites, on eut recours aux Italiens ; celui qui fut appelé à Moscou n’a servi qu’à rendre l’œuvre solide ; pour le style des ornements, il s’est soumis au goût du pays. Les voûtes sont élevées, les murs épais, et l’ensemble de l’édifice est confus, sans grandeur, ni clarté, ni beauté.

J’ignore la règle prescrite par l’Église grecque russe relativement au culte des images ; mais en voyant cette église entièrement ornée de peintures à fresque, de mauvais goût, et dessinées dans le style roide et monotone qu’on appelle le style grec moderne, parce que les modèles en étaient à Byzance, je me demande quelles sont donc les figures, quels sont donc les sujets qu’il est défendu de représenter dans les églises russes ? apparemment on ne bannit de ces pieux asiles que les bons tableaux.

En passant devant la Vierge de saint Luc, mon cicerone italien m’a bien assuré qu’elle est authentique ; il ajoutait avec la foi d’un mougik : « Signore, signore, è il paese dei miracoli… » « C’est le pays des miracles !… Je le crois bien, la peur est le premier des thaumartuges ! Quel curieux voyage que