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œuvre durable, de tout effort sublime. On n’en veut plus : on reproche au christianisme de prêcher l’abnégation : c’est blâmer la vertu. Les prêtres de Jésus-Christ ouvrent à la foule une route qui n’était connue et pratiquée que par les âmes d’élite !! Qui peut dire où vont les peuples guidés par de si dangereux instituteurs ?

Je ne me blase pas sur l’effet du Kremlin vu du dehors ; ses bâtiments bizarres, ses prodigieux remparts, la multitude d’ogives, de voûtes, de vedettes, de clochers, d’assommoirs, de créneaux qu’on découvre à chaque pas qu’on fait autour de ce fabuleux monument ; les dimensions prodigieuses de toutes ces choses, l’entassement de leurs masses, les déchirures des murailles, produisent sur mon imagination une impression toujours nouvelle. Les murs extérieurs inégalement dessinés, montant et descendant pour suivre les profondes et abruptes sinuosités des coteaux et des vallons, tant d’étages d’édifices d’un style étrange, portés les uns sur les autres, composent une décoration des plus originales et des plus poétiques qu’il y ait au monde ; ce n’est pas à moi, c’est aux peintres de vous montrer ces merveilles ; les paroles me manquent pour en décrire l’effet : ce sont de ces choses dont les yeux seuls sont juges. Pourtant il faudrait que le dessinateur choisît ses points de vue avec discernement, car, contemplé