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un immense bazar, un quartier, une ville toute percée de ruelles sombres et voûtées, ce qui les fait ressembler à des souterrains : ces catacombes marchandes ne sont rien moins qu’un cimetière ; c’est une foire en permanence ; labyrinthe de galeries, ces voûtes ressemblent un peu aux passages de Paris, quoiqu’elles aient moins d’élégance et d’éclat, et plus de solidité. Ce système de construction est motivé, il est conforme aux besoins du commerce sous ce climat : dans le Nord, les rues couvertes remédient autant que possible aux inconvénients et aux rigueurs du ciel, pourquoi donc y sont-elles si rares ? Les vendeurs et les acheteurs s’y trouvent à l’abri du vent, de la neige, du froid et des inondations du dégel ; au contraire, les légères colonnades à jour, les portiques aériens font là un contre-sens risible : au lieu des Grecs et des Romains, les architectes russes auraient dû prendre pour modèles les taupes et les fourmis. Les Arabes ont mieux compris la nécessité d’accorder les données de la nature avec les lois de l’art. Dans les ruches de l’Alhambra, ils ont inventé l’architecture qui convenait au sol et au climat de l’Espagne, ainsi qu’aux mœurs de ses habitants.

À chaque pas que vous faites dans Moscou, vous rencontrez quelque chapelle vénérée par le peuple, et saluée par tout le monde. Ces chapelles ou ces niches renferment ordinairement une image de la