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sous d’une tour d’un aspect bizarre, comme tout ce qu’on aperçoit aux approches du vieux quartier de Moscou.

Je n’ai point vu Constantinople, mais je crois qu’après cette ville Moscou est de toutes les capitales de l’Europe celle dont l’aspect général est le plus frappant. C’est la Byzance de terre ferme. Dieu merci, les places de la vieille capitale ne sont pas immenses comme celles de Pétersbourg, où Saint-Pierre de Rome se perdrait. À Moscou, les monuments sont moins espacés, et dès lors ils produisent plus d’effet. Le despotisme des lignes droites et des plans symétriques s’est vu gêné ici par l’histoire et par la nature ; Moscou est surtout pittoresque. Le ciel, sans y être pur, prend une teinte argentée et brillante ; des modèles de tous les genres d’architecture sont entassés là sans ordre et sans plan ; aucun monument n’est parfait, néanmoins l’ensemble vous saisit, non d’admiration, mais d’étonnement. Les inégalités du sol multiplient les points de vue. Les églises avec leurs coupoles, dont le nombre varie et dépasse souvent de beaucoup le chiffre sacramentel commandé aux architectes par l’orthodoxie grecque, font scintiller dans l’air leurs magiques auréoles. Une multitude de pyramides dorées et de clochers en forme de minarets dessinent sur l’azur des profils reluisants de soleil ; un pavillon oriental, un dôme in-