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ver un concierge comme tant d’autres ; au lieu de cela nous avons été reçus par un officier, homme instruit et poli.

Le trésor du Kremlin fait à juste titre l’orgueil de la Russie ; il pourrait tenir lieu de chronique à ce pays ; c’est une histoire en pierres précieuses, comme le Forum romanum était une histoire en pierres de taille.

Les vases d’or, les armures, les vieux meubles, ne sont pas exposés ici seulement pour y être admirés ; chacun de ces objets retrace quelque fait glorieux, singulier, digne de commémoration. Mais avant de vous décrire ou plutôt de vous indiquer rapidement les magnificences d’un arsenal qui n’a pas, je crois, son second en Europe, je veux vous faire suivre pas à pas le chemin par où l’on m’a conduit jusqu’à ce sanctuaire révéré des Russes, et justement admiré des étrangers.

En sortant de la grande Dmitriskoï pour me rendre au trésor, j’ai traversé, comme l’autre jour, plusieurs places où débouchent des rues montueuses, mais tirées au cordeau ; puis arrivé en vue de la forteresse, j’ai passé sous une voûte que mon domestique de place m’a forcé d’admirer en faisant arrêter ma voiture d’autorité, sans juger seulement nécessaire de me consulter, tant l’intérêt qui s’attache à ce lieu est chose reconnue !!!… Cette voûte forme le des-