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fils et aux soi-disant complices de ce fils. On va lire un extrait de M. de Ségur, qui prouve que le grand réformateur moderne était plus semblable au monstre que l’histoire ne l’a dit avant l’écrivain français. Il s’agit des lois promulguées par Pierre le Grand, de la trahison de ce prince envers son malheureux fils, et du supplice des prêtres et autres personnages qui encourageaient le jeune prince dans sa résistance à la civilisation importée de l’Occident, et ordonnée comme le plus saint des devoirs par le cruel fondateur du nouvel empire de Russie.

« Code militaire, divisé en deux parties, en quatre-vingt onze chapitres, et publié dès 1716.

« Le début en est remarquable ; soit piété sincère, soit politique d’un chef de religion qui veut conserver dans toute sa force un si puissant mobile, il y déclare que de tous les vrais chrétiens, » — « le militaire est celui dont les mœurs doivent être le plus honnêtes, décentes et chrétiennes ; le guerrier chrétien devant être toujours prêt à paraître devant Dieu, sans quoi il n’aurait point la sécurité nécessaire pour le sacrifice continuel que sa patrie exige de lui, » — « Et il termine par cette citation de Xénophon : Que dans les batailles, ceux qui craignent le plus les dieux sont ceux qui craignent le moins les hommes ! » — « Puis, il prévoit jusqu’aux moindres délits contre Dieu, contre la discipline, les mœurs, l’honneur, et même contre la civilité ! comme s’il eût voulu faire de son armée une nation à part dans la nation, et son modèle.

« Mais c’est là surtout que se développe avec une complaisance effrayante le génie de son despotisme ! » Tout l’État, dit-il, est en lui, tout doit se faire pour lui, maitre absolu et despotique, qui ne doit compte de sa conduite qu’à Dieu seul ! » — « C’est pourquoi toute parole injurieuse conţre sa personne, tout jugement indécent de ses actions ou intentions, doivent être punis de mort.

« C’était en 1716 que ce Czar se déclarait ainsi en dehors