Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout est inutile ! l’inévitable mort s’approche, le père a frappé : Dieu a jugé le père et le fils ; le fils va mourir !!… Mais le supplice est long ; Ivan apprendra une fois à souffrir de la douleur d’un autre.

La victime pleine de vie lutte pendant quatre jours entiers contre l’agonie.

Mais à quoi croyez-vous que ces quatre jours sont employés ? comment croyez-vous que cet enfant perverti par son père, notez ce point, injustement soupçonné, injurié, tué par son père ; comment croyez vous qu’il se venge de la perte de toutes ses espérances en ce monde et des quatre jours de torture auxquels le ciel le condamne pour l’édification de la terre, et, s’il est possible, pour la conversion de son bourreau ?

Il passe ce temps d’épreuves à prier Dieu pour son père, à consoler ce père qui ne veut pas le quitter, à le justifier, à lui prouver, à lui répéter avec une délicatesse digne du fils d’un meilleur homme, que son châtiment, si sévère qu’il paraisse, n’est point inique, car un fils qui blâme même dans le secret du cœur la conduite d’un père couronné, mérite de périr. La mort est là ; ce n’est plus la peur qui parle, c’est la superstition politique.

Quand les dernières crises approchent, l’infortuné ne pense plus qu’à voiler les horreurs de sa mort aux