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Cette vérité me paraît prouvée jusqu’à l’évidence par l’histoire de Russie.

Continuons nos extraits, même page : c’est un annaliste livonien, cité par Karamsin, qui parle. Cette fois, nous verrons successivement en scène un ambassadeur et un supplicié, tous deux également idolâtres de leur maître et bourreau. « Ni les supplices, ni le déshonneur ne pouvaient affaiblir le dévouement de ces hommes à leur souverain. Nous allons en citer un mémorable témoignage : Le prince Sougorsky, envoyé vers l’Empereur Maximilien en 1576, tomba malade au moment où il traversait la Courlande. Par respect pour le Czar, le duc fit demander plusieurs fois des nouvelles de cet envoyé par son propre ministre qui l’entendait répéter sans cesse : Ma santé n’est rien, pourvu que celle de notre souverain prospère. Le ministre étonné, lui dit : — Comment pouvez-vous servir un tyran avec autant de zèle ?Nous autres Russes, répondit le prince Sougorsky, nous sommes toujours dévoués à nos Czars bons ou cruels. Pour preuve de ce qu’il avançait, le malade raconta que quelque temps auparavant, Jean avait fait empaler un de ses hommes de marque pour une faute légère, que cet infortuné avait vécu vingt-quatre heures dans des tourments affreux, s’entretenant avec sa femme et ses enfants, et répétant sans