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Si l’on veut compléter le portrait d’Ivan IV, il faut encore recourir à Karamsin : je vais donc choisir dans son histoire, pour terminer mon travail, quelques passages des plus caractéristiques, tome IX, page 343 (Karamsin).

« Des querelles de prééminence avaient lieu dans le service de la Cour. » (Vous le voyez, l’étiquette régnait dans l’antre de la bête féroce.) « Le beau Boris Godounof[1], nouvel échanson et favori de Jean, eut à ce sujet, en 1578, un procès avec le prince Basile Sitzky : le fils de celui-ci refusait de servir à la table du Czar de pair avec Boris : et, bien que le prince Basile fût revêtu de la dignité de boyard, Godounof fut déclaré par une lettre patente du souverain, plus élevé que lui de plusieurs rangs, parce que l’aïeul de Godounof était inscrit dans les anciens registres avant les Sitzky ; mais, s’il fermait les yeux sur les disputes des voiëvodes à l’occasion de la primauté, il ne leur pardonnait jamais de fautes dans leur conduite militaire : par exemple, le prince Michel Nosdrovoty, officier de haut rang, fut fouetté dans les écuries pour avoir mal disposé le siége de Milten. »

Voilà comment le Czar entendait la dignité de la

  1. Qui plus tard fut l’assassin de l’héritier du trône et l’usurpateur de la couronne. (Note du Voyageur.)