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qu’il fût : le plus humble des esclaves de l’autocratie ; grâce à la persévérance de Pierre Ier et de Catherine II, Ivan IV est content. Désormais, d’un bout de la Russie à l’autre, on est sûr que la voix de Dieu ne peut plus couvrir la voix de l’Empereur[1].

Tel est l’inévitable abîme où tomberont à la fin toutes les Églises nationales ; les circonstances pourront être diverses, l’asservissement moral sera le même partout ; partout où le prêtre abdique, l’État usurpe. Faire secte, c’est enchaîner le sacerdoce. Dans toute Église séparée du tronc, la conscience du prêtre est une puissance illusoire ; dès lors, la pureté de la foi s’altère, et la charité, ce feu du ciel, dont le cœur des saints est brûlé, dégénère en humanité !!…

Alors, on voit le dépôt de mendicité substitué à l’aumône, et la grâce céder la place à la raison qui, en matière de foi, n’est que l’auxiliaire hypocrite de la force matérielle.

De là vient la haine profonde de tous les ministres et de tous les docteurs sectaires contre le prêtre catholique. Tous reconnaissent qu’il est leur seul ennemi, car lui seul est prêtre ; il enseigne, les autres plaident.

  1. Voyez le livre intitulé : Vicissitudes de l’Église catholique en Pologne et en Russie, par un prêtre de l’Oratoire ; traduit de l’allemand par M. le comte de Montalembert, et les extraits que j’en donne à la suite du résumé du voyage, tome IV.