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Cette amitié dura jusqu’à la fin de la vie du Czar, qui fut même au moment de contracter un huitième mariage avec Marie Hastings, parente de la Reine d’Angleterre : mais la réputation d’Ivan IV n’exerça pas sur l’imagination de sa fiancée le même prestige qui fascinait le mâle esprit d’Élisabeth ; heureusement il n’est pas donné à beaucoup de cœurs de ressentir les attraits de la cruauté.

Les négociations relatives à ce projet de mariage avaient été entamées par un des médecins de la cour d’Angleterre, Robert Jacobi, qu’Élisabeth envoya près de son ami, peu de temps avant la mort de ce prince ; Jacobi était porteur d’une lettre ainsi conçue :

« Je vous cède, mon frère chéri, l’homme le plus habile dans l’art de guérir, bien qu’il me soit très utile, mais parce qu’il vous est nécessaire ; vous pouvez en toute confiance lui abandonner votre santé. Je vous envoie avec lui des pharmaciens et des chirurgiens, expédiés de gré ou de force, quoique nous n’ayons pas nous-même un nombre suffisant de gens de cette espèce. » (Histoire de Russie, par Karamsin, t. IV, p. 533.

Ces citations suffisent pour faire connaître l’espèce de liaison que l’instinct du despotisme et les intérêts commerciaux, dès lors les premiers de tous pour l’Angleterre, avaient fondée entre les deux souverains. Achevons l’esquisse de la tyrannie d’Ivan. 64