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pleins de feu, et au total, une physionomie qui avait eu autrefois de l’agrément. À cette époque il était tellement changé qu’à peine on pouvait le reconnaître. Une sombre férocité se peignait dans ses traits déformés. Il avait l’œil éteint, il était presque chauve, et il ne lui restait plus que quelques poils à la barbe, inexplicable effet de la fureur qui dévorait son âme ! Après une nouvelle énumération des fautes commises par les boyards, il répéta son consentement à garder la couronne, s’étendit longuement sur l’obligation imposée aux princes de maintenir la tranquillité dans leurs États, et de prendre à cet effet toutes les mesures qu’ils jugent convenables ; sur le néant de la vie humaine, la nécessité de porter ses regards au delà du tombeau ; enfin il proposa l’établissement de l’opritchnina, nom jusqu’alors inconnu. Les résultats de cet établissement firent de nouveau trembler la Russie.

« Le Czar annonça qu’il choisirait mille satellites parmi les princes, les gentilshommes et les enfants boyards[1], et qu’il leur donnerait, dans ses districts, des fiefs dont les propriétaires actuels seraient transférés dans d’autres lieux.

  1. Les enfants boyards sont un corps de trois cent mille hommes tenanciers de la couronne, institués comme une noblesse secondaire par Ivan III, aïeul d’Ivan IV.