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qui ne permet pas les troisièmes noces ; il se remarie ainsi, cinq, six et sept fois !!!… On ignore le nombre exact de ses mariages. Il répudie, il tue, il oublie ses femmes, aucune ne résiste longtemps à ses caresses ni à ses fureurs ; et malgré son indifférence affichée pour les objets de ses anciennes amours, il s’applique à venger leur mort avec une rage scrupuleuse, qui, à chaque veuvage du souverain, répand une nouvelle épouvante dans l’Empire. Cependant, le plus souvent, cette mort qui servait de prétexte à tant d’exécutions, avait été causée ou commandée par le Czar lui-même. Ses deuils ne sont pour lui qu’une occasion de verser du sang et de faire pleurer les autres.

Il fait dire en tous lieux que la pieuse Czarine, que la belle Czarine, que l’infortunée Czarine a été empoisonnée par les ministres, par les conseillers du Czar, ou par les boyards dont il veut se défaire.

Ne le voyez-vous pas, c’est en vain qu’il a voulu jeter le masque ; il ment par habitude, si ce n’est par nécessité, tant le mensonge est inhérent à la tyrannie ! C’est l’aliment des âmes qui se dégradent et des gouvernements dont on outre le principe ; comme la vérité est la nourriture des âmes qui se régénèrent et des sociétés raisonnablement organisées.

Les calomnies d’Ivan IV sont toujours prouvées d’avance ; quiconque est atteint du venin de sa parole succombe, les cadavres s’amoncellent autour de lui ;