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étonnés de l’intensité des chaleurs de cet été comme de leur durée.

L’Empire slave, ce soleil levant du monde politique, vers lequel toute la terre tourne les yeux, aurait-il aussi pour lui le soleil de Dieu ? Les gens du pays prétendent et ils répètent souvent que le climat de la Russie s’adoucit. Étonnant pouvoir de la civilisation humaine, dont les progrès changeraient jusqu’à la température du globe !… Quoi qu’il en soit des hivers de Moscou et de Pétersbourg, je connais peu de climats plus désagréables que celui de ces deux villes pendant l’été. C’est la belle saison qui est le vilain temps des pays du Nord.

La première chose qui m’a frappé dans les rues de Moscou, c’est une population qui paraissait plus vive dans ses allures, plus franche dans sa gaieté que celle de Pétersbourg : on respire ici un air de liberté inconnu dans le reste de l’Empire ; c’est ce qui m’explique la secrète aversion des souverains pour cette ville, qu’ils flattent, qu’ils redoutent et qu’ils fuient.

L’Empereur Nicolas qui est bon Russe l’aime beaucoup, dit-il : néanmoins je ne vois pas qu’il l’habite plus souvent que n’ont fait ses prédécesseurs, qui la détestaient.

Ce soir on avait illuminé quelques rues, mais mesquinement et par un assez petit nombre de lampions