Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieu de César, mais Tzar ou Czar est tout à fait un autre mot. »

Une fois entré dans l’enceinte de Moscou, j’ai traversé un boulevard qui ressemble à tout, puis j’ai suivi une pente assez douce au bas de laquelle je suis arrivé dans un quartier élégant, bâti en pierre, et dont les rues sont tirées au cordeau ; enfin on m’a conduit dans la Dmitriskos : c’est la rue où m’attendait une belle et bonne chambre retenue pour moi dans une excellente auberge anglaise. J’avais été recommandé dès Pétersbourg à madame Howard, qui ne m’aurait pas admis chez elle sans cette précaution. Je n’ai garde de lui reprocher ses scrupules, car, grâce à tant de prudence, on peut dormir tranquille dans sa maison.

Êtes-vous curieux de savoir à quel prix elle achète une propreté difficile à obtenir partout, mais qui devient une vraie merveille en Russie ! elle a bâti dans sa cour un corps de logis séparé, afin d’y faire coucher tous les domestiques russes. Ces hommes n’entrent dans la maison principale que pour y vaquer au service de leurs maîtres. En fait de précautions, madame Howard va plus loin encore. Elle ne reçoit presque aucun Russe ; aussi ni mon postillon ni mon feldjæger ne connaissaient sa demeure ; nous avons eu quelque peine à la trouver, quoique cette maison, sans enseigne il est vrai, soit la meilleure auberge de Moscou et de la Russie.