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de Moscou ; elle sert de frontière à deux parties du monde, l’Orient et l’Occident ; le monde ancien et le monde moderne sont là en présence ; sous les successeurs de Gengis-Khan, l’Asie s’était ruée une dernière fois sur l’Europe ; en se retirant, elle a frappé du pied la terre, il en est ressorti le Kremlin.

Les princes qui possèdent aujourd’hui cet asile sacré du despotisme oriental disent qu’ils sont Européens, parce qu’ils ont chassé de la Moscovie les Calmouks leurs frères, leurs tyrans et leurs instituteurs ; ne leur en déplaise, rien ne ressemblait aux khans de Saraï comme leurs antagonistes et leurs successeurs, les Czars de Moscou, qui leur ont emprunté jusqu’à leur titre. Les Russes appelaient Czars les khans des Tatars. Karamsin dit à ce sujet, volume VI, p. 438 :

« Ce mot n’est pas l’abrégé du latin César, comme plusieurs savants le croient sans fondement. C’est un ancien nom oriental que nous connûmes par la traduction slavonne de la Bible : donné d’abord par nous aux empereurs d’Orient, et ensuite aux khans des Tatars, il signifie en persan trône, autorité suprême, et se fait remarquer dans la terminaison des noms des rois d’Assyrie et de Babylone, comme Phalassar, Nabonassar, etc. » Et en note il ajoute : « Voyez Boyer, Origine russ. Dans notre traduction de l’Écriture sainte, on écrit Kessar au