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Pour bien comprendre la singularité du tableau, il faut vous rappeler le dessin orthodoxe de toute église grecque ; le faîte de ces pieux monuments est toujours composé de plusieurs tours qui varient dans leur forme et dans leur hauteur, mais dont le nombre est de cinq au moins ; ce nombre sacramentel est quelquefois beaucoup plus considérable. Le clocher du milieu est le plus élevé ; les quatre autres, maintenus à des étages inférieurs, entourent avec respect la tour principale. Leur forme varie : le sommet de ces donjons symboliques ressemble assez souvent à des bonnets pointus posés sur une tête ; on peut aussi comparer le grand clocher de certaines églises, peint et doré extérieurement, à une mitre d’évêque, à une tiare ornée de pierreries, à un pavillon chinois, à un minaret, à une toque de bonze ; souvent aussi c’est tout simplement une petite coupole en forme de boule et terminée par une pointe ; toutes ces figures plus ou moins bizarres sont surmontées de grandes croix de cuivre travaillées à jour, dorées, et dont le dessin compliqué rappelle un peu les ouvrages en filigrane. Le nombre et la disposition de ces campaniles a toujours un sens religieux ; ils signifient les degrés de la hiérarchie ecclésiastique. C’est le patriarche entouré de ses prêtres, de ses diacres et sous-diacres élevant entre la terre et le ciel sa tête radieuse. Une variété pleine de fantaisie préside au dessin de ces toitures