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et j’ai enfin trouvé à admirer quelques visages de femmes parfaitement beaux. Elles ont le teint d’une blancheur délicate ; leurs couleurs sont pour ainsi dire sous la peau, qui est transparente et d’une finesse extrême. Elles ont des dents éclatantes de blancheur, et chose rare !!… leur bouche est d’une forme parfaitement pure, et dessinée à l’antique ; leurs yeux ordinairement bleus sont cependant fendus à l’orientale ; ils sont à fleur de tête, et ils ont cette expression de fourberie et d’inquiétude naturelle au regard des Slaves, qui en général voient de côté et même derrière eux sans tourner la tête. Cet ensemble a bien du charme ; mais soit par un caprice de la nature, soit par l’effet du costume, tous ces agréments se trouvent plus rarement réunis chez les femmes russes que chez les hommes. Entre cent paysannes on en rencontre une charmante, tandis que le grand nombre des hommes est remarquable par la forme de la tête et la pureté des traits. Il y a des vieillards aux joues roses, au front chauve encadré de cheveux d’argent, et dont la barbe également blanche et soyeuse descend sur leur large poitrine. À voir ces beaux visages on dirait que le temps leur prête en dignité tout ce qu’il leur ôte en jeunesse : ce sont des têtes plus belles à peindre que tout ce que j’ai vu de Rubens, de l’Espagnolet ou du Titien ; mais je n’ai pas trouvé une seule tête de vieille femme à mettre dans un tableau.