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tissement animé de la véritable balançoire. Celui-ci est très-vif, même il effraie le spectateur. Une haute potence d’où descendent quatre cordes soutient, à deux pieds de terre environ, une planche aux extrémités de laquelle se placent deux personnes ; cette planche et les quatre poteaux qui la portent sont disposés de manière à ce que le balancement puisse se faire à volonté en long ou en large.

Je n’ai jamais vu dans les moments sérieux plus de deux personnes à la fois sur la planche ; ces deux personnes sont tantôt un homme et une femme, tantôt deux hommes ou deux femmes : elles se placent toujours debout, droites sur leurs jambes, aux deux extrémités de la planche, où elles conservent l’équilibre en s’attachant fortement aux cordes qui font aller la machine. Dans cette attitude elles sont lancées en l’air jusqu’à des hauteurs effrayantes, car à chaque volée on voit le moment où la machine fera le tour, et où les jouteurs arrachés de leur place seront précipités à terre d’une hauteur de trente ou quarante pieds ; car j’ai vu des poteaux qui je crois avaient bien vingt pieds de haut. Les Russes, dont le corps est svelte et la taille souple, trouvent aisément un aplomb qui nous étonne : ils montrent dans cet exercice beaucoup d’agilité, de grâce et de hardiesse.

Je me suis arrêté dans plusieurs villages à voir ainsi lutter des jeunes filles avec des jeunes gens,