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taille au-dessus et non au-dessous du sein, contrairement à l’usage indiqué par la nature, et adopté par toutes les autres femmes ; c’est l’exagération de nos modes du Directoire : non pas que les femmes moscovites aient imité les Françaises du pavillon d’Hanovre habillées à la grecque par David et ses élèves ; mais sans le savoir elles sont la caricature des statues antiques que Paris a vues se promener sur les boulevards après le temps de la terreur. Ces paysannes russes se font une taille qui n’en est pas une, puisqu’elle est raccourcie comme je viens de vous le dire, au point de s’arrêter au-dessus de la gorge. Voici ce qui en résulte : à la première vue, la personne entière ne représente plus qu’un grand ballot, où toutes les parties du corps sont confondues sans grâce et pourtant sans liberté. Mais ce costume a encore bien d’autres inconvénients assez difficiles à décrire ; une de ses plus graves conséquences, sans contredit, c’est qu’une paysanne russe pourrait donner à teter par dessus l’épaule, comme les Hottentotes. Telle est l’inévitable difformité produite par une mode qui détruit la grâce du corps ; les Circassiennes comprennent mieux la beauté de la femme et le moyen de la conserver ; elles portent, dès le jeune âge, autour des reins une ceinture qu’elles ne quittent jamais.

J’ai remarqué à Torjeck une variante dans la toilette des femmes ; elle mérite, ce me semble, d’être