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AUX ESTRANGERS

Je declare icy par une protestation tres expresse, que mon dessein n’est pas de desterrer les morts ny d’offenser les vivants ; et que me sousmettant à la censure de tous, je conjure les plus severes, de ne point croire que ce soit par suffisance que j’attaque les gens de ma profession. Le seul but où je vise, et que j’estime assez raisonnable, est de purger les erreurs qui se sont glissées dans la pluspart des pieces que l’on a mises en lumiere pour l’instruction des Estrangers : parmy lesquels ayant receu des bienfaits qui ne se peuvent exprimer, je pense estre extremement obligé de leur satisfaire par quelque sorte de reconnoissance, et de leur faire cognoistre l’affection qui me reste de leur rendre, selon mon pouvoir, ce que je tiens encore de leurs courtoisies. Je ne touche point aux escrits des Anciens dont la profondité surpasse tout à fait la foiblesse de mon entendement, mais sans sortir de mes bornes je me contente de dire, que depuis peu nostre langue est tellement embellie, que leur vieille façon d’escrire à peine est reconnoissable aupres de celle du temps. C’est à quelques Modernes que je m’attache, et principallement à ceux qui n’ont pas sceu discerner la politesse du langage de ce siecle, et bien loin d’imiter nos derniers Autheurs, ont rempli leurs ouvrages d’un grand nombre d’antiquailles qui sont capables de donner de la repugnance, et de faire perdre le credit au sujet qu’ils ont traitté, sans considerer que l’ornement est mesmes necessaire aux plus belles