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bierne. Un courant d’air entraîne l’émanation le long d’un tube de verre dans lequel se trouvent des écrans semblables entre eux et équidistants, recouverts de sulfure de zinc phosphorescent. L’émanation excite la luminosité de ce sulfure, et la phosphorescence est d’autant plus forte que la concentration de l’émanation au voisinage de l’écran est plus grande. À partir du moment où l’on établit le courant d’air, on voit s’éclairer successivement les écrans dans l’ordre de leur distance à la source, à mesure que l’arrivée de l’émanation se fait sentir. Quand le régime est établi, l’intensité de la phosphorescence va en se dégradant d’un écran au suivant, à mesure que la distance à la source augmente, et l’étendue jusqu’à laquelle le phénomène est visible croît avec la vitesse du courant d’air. Quand on arrête celui-ci, on voit la phosphorescence des écrans s’éteindre progressivement ; mais si le courant d’air a persisté pendant un temps suffisant, l’extinction n’est pas complète, et chaque écran conserve un résidu de luminosité d’autant plus grand que la phosphorescence de régime était plus grande. Cette phosphorescence résiduelle est due, non à l’émanation, mais à la radioactivité induite formée sur l’écran, et disparaît en même temps que celle-ci dans l’intervalle de quelques heures.

Les mesures effectuées par MM. Hahn et Sackur par la méthode du courant gazeux ont confirmé la valeur indiquée par M. Debierne pour la constante de l’émanation de l’actinium[1].

En raison de sa destruction rapide, l’émanation de l’actinium ne peut être transportée par aspiration dans un condensateur de mesures, de manière à être séparée de la matière active qui lui donne naissance.

M. Debierne a montré que les produits d’actinium émettent en plus de leur émanation caractéristique une proportion très faible d’une émanation très persistante[2]. Pour s’en assurer il suffit d’aspirer dans un condensateur de mesures le gaz qui se trouve dans un ballon contenant une solution d’actinium. L’émanation de l’actinium est immédiatement détruite ; l’émanation plus persistante reste seule, et l’on peut étudier la loi de sa variation avec le temps. On constate que cette émanation se comporte comme

  1. Hahn et Sackur, Chem. Ber., 1905.
  2. Debierne, Comptes rendus,1904.