Page:Curie - Pierre Curie, 1924.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi une théorie complexe en accord avec l’expérience. Les hypothèses précises renferment presque à coup sûr une part d’erreur à côté d’une part de vérité. Cette dernière part, si elle existe, fait seulement partie d’une proposition plus générale à laquelle il faudra revenir un jour ».

Aussi, bien qu’il n’hésitât point à faire des hypothèses, il n’en admettait pas la publication anticipée. Il ne pouvait s’accommoder d’un régime de travail accompagné de publications hâtives, et se sentait plus heureux dans un domaine où peu de chercheurs travaillent avec tranquillité. La vogue considérable de la radioactivité le faisait souhaiter d’abandonner pour quelque temps ce champ de recherches et de reprendre ses études de physique cristalline interrompues ; il songeait aussi à l’examen de diverses questions théoriques.

Son enseignement, sans cesse perfectionné, le préoccupait beaucoup et lui suggérait des réflexions sur l’orientation générale des études et sur les méthodes d’enseignement qu’il voulait basées sur le contact avec l’expérience et la nature. Il songeait à faire adopter ses vues par l’Association des professeurs de Facultés, dès la création de celle-ci, et à obtenir la déclaration : « que l’enseignement des sciences doit être l’enseignement dominant des lycées de garçons ét de jeunes filles. » Mais, disait-il, « une telle motion n’aura guère de succès ».

Cette dernière période si féconde de sa vie devait, hélas, avoir une fin prochaine. Son admirable carrière scientifique a été brusquement brisée au moment même où il pouvait espérer que les années de travail