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PIERRE CURIE

L’informer que je n’éprouve pas du tout le besoin d’être décoré, mais que j’ai le plus grand besoin d’avoir un laboratoire ».

Nommé professeur à la Sorbonne, Pierre Curie eut à préparer un enseignement nouveau. La chaire venait d’être créée avec un caractère personnel et avec une désignation très générale, d’où pour lui une grande liberté dans le choix des matières enseigner. Il en profita pour revenir à un sujet qui lui était cher, et consacra une partie de ses leçons aux lois de symétrie, à l’étude des champs de vecteurs et de tenseurs, et à l’application de ces notions à la physique cristalline. Il avait l’intention de compléter ces leçons, et d’en faire un cours complet de physique des milieux cristallisés, ce qui eût été d’autant plus utile qu’il s’agissait de questions très peu connues en France. Ses autres leçons ont eu pour objet la radioactivité et mettaient en évidence les découvertes faites dans ce nouveau domaine, et la révolution apportée dans la science par ces découvertes.

Très préoccupé de la préparation de son cours et souvent souffrant, Pierre Curie continuait cependant à travailler au laboratoire, dont l’organisation se faisait progressivement. Ayant un peu plus de place, il put recevoir quelques élèves. En collaboration avec A. Laborde, il fit un travail sur la radioactivité des eaux minérales et des gaz, dégagés dans les sources ; ce fut le dernier travail qu’il a publié.

Ses facultés intellectuelles étaient alors en plein développement ; on pouvait, admirer la sûreté et la rigueur de ses raisonnements sur les théories de la physique, sa compréhension claire des principes