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PIERRE CURIE

de travail déjà si médiocres dont il disposait, au lieu d’en acquérir de nouveaux ; il écrivit donc à ses chefs qu’il était décidé à rester au P.C. N. Sa fermeté obtint gain de cause ; la création de la chaire nouvelle fut complétée par l’attribution d’un crédit de laboratoire et d’un personnel pour le nouveau service (un chef de travaux, un préparateur, un garçon de laboratoire). La situation de chef de travaux m’était offerte, ce qui était aussi une grande satisfaction pour Pierre Curie.

Ce n’était point sans regret que nous quittions l’École de physique où nous avions connu des journées de travail si heureuses, quoique dans des conditions difficiles. Notre hangar nous était particulièrement cher ; ce bâtiment subsista encore pendant quelques années dans un état d’abandon croissant, et il nous arrivait de lui rendre visite. Plus tard, il a fallu le détruire pour faire place au nouveau bâtiment de l’École de physique, mais des photographies en ont été conservées. Prévenue par le fidèle Petit, j’y fis, seule, hélas ! un dernier pèlerinage : au tableau noir était encore restée l’écriture de celui qui avait été l’âme de ce lieu ; l’humble asile de son travail était tout imprégné de son souvenir. La cruelle réalité semblait un mauvais rêve ; on espérait presque voir paraître la haute silhouette et entendre résonner la voix familière.

Bien qu’ayant voté la création d’une nouvelle chaire, le parlement n’alla pas jusqu’à envisager la fondation simultanée d’un laboratoire, lequel était cependant nécessaire pour le développement de la nouvelle science de radioactivité. Pierre Curie conserva donc le petit local du P. C. N. et obtint