Page:Curie - Pierre Curie, 1924.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
PIERRE CURIE

put désormais se faire remplacer dans son enseignement à l’École de physique par Paul Langevin, un de ses anciens élèves, et physicien de grande compétence[1]. Il prit aussi un préparateur particulier pour l’aider dans ses travaux.

Toutefois la publicité déterminée par cet heureux événement pesa aussitôt très lourdement sur un homme qui n’y était ni préparé, ni habitué. Ce fut une avalanche de visites, de lettres, de demandes d’articles et de conférences, causes constantes de perte de temps, d’énervement et de fatigue. Il était bienveillant et n’aimait pas répondre à une demande par un refus ; mais, d’autre part, il se rendait compte qu’il ne pouvait céder aux sollicitations qui l’accablaient, sans conséquences funestes pour sa santé, pour la paix de son esprit et pour son travail. Dans une lettre à Ch.-Ed. Guillaume, il disait : « On nous demande des articles et des conférences, et quand plusieurs années se seront écoulées, ceux-là même qui nous les demandent s’étonneront de voir que nous n’avons pas travaillé ».

Voici comment il s’exprimait, dans d’autres lettres de la même époque, adressées à E. Gouy qui a bien voulu me les communiquer, ce dont je le remercie sincèrement.


20 mars 1902.

Comme vous avez pu voir, la fortune nous favorise en ce moment, mais ces faveurs de la fortune ne vont

  1. On doit à P. Langevin deux articles étendus sur la vie et l’œuvre de Pierre Curie ; le premier a paru dans l’Annuaire de Association des Anciens Élèves de l’École de Physique et de Chimie (1904), le second dans la Revue du Mois (1906).