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LA LUTTE POUR LES MOYENS DE TRAVAIL

avec le peu de moyens dont nous disposions. S’inspirant de cet essai, un industriel français, Armet de Lisle, eut en 1904 l’idée qui pouvait paraître hardie à cette époque, de fonder une véritable usine de radium, pour fournir cette matière aux médecins dont l’intérêt était éveillé par les travaux qui venaient de paraître sur ses effets biologiques et ses applications thérapeutiques. Le projet a été mis en exécution avec succès, grâce à l’emploi de collaborateurs déjà formés auprès de nous pour cette fabrication délicate, en particulier F. Haudepin et J. Danne. Le radium a donc été régulièrement mis en vente, à un prix élevé, il est vrai, en raison des conditions spéciales de cette industrie et des prix, aussitôt augmentés, des minéraux exploitables[1]. Il convient d’apprécier le sentiment qui engagea Armet de Lisle à nous offrir son concours, et de mettre à notre disposition, d’une manière entièrement désintéressée, un petit local appartenant à son usine et une partie des moyens nécessaires pour y travailler. D’autres moyens ont été fournis soit par nous-mêmes, soit par des subventions, dont la plus importante, accordée en 1902 par l’Académie des sciences, se montait à 20.000 francs.

C’est ainsi que le minerai que nous possédions a été

    américaines, la « Buffalo Society of Natural Sciences » m’a offert en souvenir une publication relative au développement de l’industrie du radium aux États-Unis, accompagnée de reproductions photographiques des lettres dans lesquelles Pierre Curie avait répondu de la manière la plus complète aux questions posées par les ingénieurs américains (1902 et 1903).

  1. Le prix du milligramme de radium élément était alors fixé à 750 francs environ.