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PIERRE CURIE

Dès 1899, Pierre Curie réussit à organiser un premier essai de traitement industriel, en utilisant une installation de fortune, facilitée par la Société Centrale de produits chimiques, avec laquelle il était en relations pour la construction de ses balances. Les détails techniques ont été mis au point, d’une manière très heureuse, par A. Debierne, et les opérations conduisirent à un bon résultat, bien qu’il ait fallu former un personnel pour ce travail chimique demandant des précautions spéciales.

Comme nos travaux avaient déterminé un mouvement scientifique général, des essais analogues furent entrepris à l’étranger. Pierre Curie adopta, en cette circonstance, l’attitude la plus désintéressée et la plus libérale. D’accord avec moi, il renonça à tirer un profit matériel de notre découverte : en conséquence, nous n’avons pris aucun brevet et nous avons publié, sans aucune réserve, tous les résultats de nos recherches, ainsi que les procédés de préparation du radium. Nous avons, de plus, donné aux intéressés tous les renseignements qu’ils sollicitaient. Cela a été un grand bienfait pour l’industrie du radium, laquelle a pu se développer en toute liberté, d’abord en France, puis à l’étranger, fournissant aux savants et aux médecins les produits dont ils avaient besoin. Cette industrie utilise, d’ailleurs, encore aujourd’hui presque sans modifications, les procédés que nous avions indiqués[1].

Bien que notre traitement industriel ait donné de bons résultats, il nous était difficile de le continuer

  1. Lors de mon récent voyage en Amérique, où un gramme de radium m’a été généreusement remis en don par les femmes