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PIERRE CURIE

En été 1900, il lui vînt une proposition inespérée : une chaire de physique lui était offerte par l’Université de Genève. Le doyen de cette Université lui communiqua cette offre de la manière la plus cordiale, en insistant sur ce fait que son Université était disposée à faire un effort exceptionnel pour s’attacher un savant aussi estimé ; les avantages envisagés étaient un traitement supérieur au taux normal, la promesse du développement du Laboratoire de physique pour les besoins de nos travaux et une situation officielle pour moi dans ce Laboratoire. Cette proposition méritait l’examen le plus attentif : nous fîmes donc une visite à l’Université de Genève, dont l’accueil fut aussi encourageant que possible.

La décision qu’il s’agissait de prendre était pour nous d’une gravité considérable. Genève nous offrait une bonne situation matérielle avec une possibilité de vie tranquille, comparable à la vie de campagne. Pierre Curie fut donc très tenté d’accepter, et c’est l’intérêt immédiat de nos recherches sur le radium qui lui fit prendre finalement la décision opposée. Il craignait, en effet, l’interruption de ces recherches nécessitée par le changement de situation.

Une chaire de physique était alors libre dans l’enseignement du P. C. N. ; il la demanda et fut nommé chargé de cours, grâce à l’appui d’Henri Poincaré qui tenait à lui éviter l’obligation de quitter la France. En même temps, j’étais chargée de Conférences de physique à l’École normale supérieure des jeunes filles, à Sèvres.

Ainsi nous restions à Paris avec un revenu augmenté. Par contre, nos conditions de travail étaient