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CHAPITRE VI

LA LUTTE POUR LES MOYENS DE TRAVAIL. — LE FARDEAU DE LA CÉLÉBRITÉ. — PREMIER EFFORT DE L’ÉTAT. — IL EST TROP TARD.


Malgré notre désir de concentrer tout notre effort sur le travail dans lequel nous étions engagés, et malgré la modicité de nos besoins, nous dûmes reconnaître vers 1900 qu’une augmentation de nos ressources devenait indispensable. Pierre Curie se faisait d’ailleurs peu d’illusions sur ses chances d’obtenir à Paris une des chaires importantes, qui, sans être largement rétribuées, permettaient alors à une famille peu exigeante de subsister sans revenu supplémentaire. N’ayant passé ni par l’École normale, ni par l’École polytechnique, il manquait de l’appui souvent décisif que ces grandes Écoles donnent à leurs élèves ; des postes auxquels il eût pu prétendre en raison de ses travaux, furent attribués sans qu’on songeât seulement à la possibilité de sa candidature. Au début de 1898, il demanda sans succès la chaire de chimie-physique, devenue vacante à la mort de Salet, et cet échec le confirma dans l’opinion qu’il n’avait pas de chance d’avancement. Il obtint, cependant, en mars 1900, le poste de répétiteur à l’École polytechnique, qu’il ne conserva, d’ailleurs, que six mois.