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PIERRE CURIE

tendresse était le plus exquis des bienfaits, sûre et secourable, pleine de douceur et de sollicitude. Il était bon d’en être entouré, il était cruel de la perdre après avoir vécu dans un milieu qui en était tout imprégné. Laissons-lui la parole pour dire comment il savait se donner : « Je pense à ma chérie qui remplit ma vie, et je voudrais avoir des facultés nouvelles ; il me semble qu’en concentrant mon esprit exclusivement sur toi, comme je viens de le faire, je devrais arriver à te voir, à suivre ce que tu fais et aussi à te faire sentir que je suis tout à toi en ce moment, mais je n’arrive pas à avoir une image ».

Ainsi se termine une lettre qu’il m’écrivit pendant une des courtes périodes où nous étions séparés.

Nous n’avions pas lieu d’avoir une très grande confiance dans notre santé et dans nos forces souvent mises à de dures épreuves ; de temps en temps, comme il arrive pour ceux qui savent le prix de la vie commune, la crainte de l’irréparable venait nous effleurer. Alors son simple courage l’amenait toujours à la même conclusion : « Quoi qu’il arrive, et dût-on être comme un corps sans âme, il faudrait travailler tout de même ».