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PERSONNALITÉ ET CARACTÈRE

père qui aimait beaucoup s’en occuper. Il fallait songer aussi à se procurer des ressources nouvelles pour la famille agrandie et pour l’aide qui m’était désormais nécessaire à la maison. Cependant notre situation resta encore la même pendant les deux années suivantes, que nous avons consacrées à un travail de laboratoire intensif sur la radioactivité. Elle ne s’améliora qu’en 1900, au détriment, il est vrai, du temps que nous pouvions employer à nos recherches scientifiques.

Toute préoccupation de vie mondaine était exclue de notre existence. Pierre Curie avait pour les obligations de ce genre une répugnance invincible ; pas plus dans sa vie de jeune homme que plus tard, il n’accepta de faire des visites, ou de nouer des relations sans intérêt. Grave et silencieux, il préférait s’abandonner à ses réflexions, plutôt que d’échanger des paroles banales. Il attachait, au contraire, beaucoup d’importance aux relations avec ses amis d’enfance, et avec ceux à qui il était lié par une communauté d’intérêt scientifique.

Parmi ces derniers, il faut citer E. Gouy, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. Ses relations amicales avec Pierre Curie dataient du temps où tous deux avaient été préparateurs à la Sorbonne ; ils entretenaient une correspondance scientifique régulière et prenaient plaisir à se revoir lors des courtes visites de E. Gouy à Paris, durant lesquelles ils étaient inséparables. Il y avait aussi d’anciennes relations d’amitié entre Pierre Curie et Ch.-Ed. Guillaume, aujourd’hui directeur du Bureau international des poids et Mesures, à Sèvres ; ils se voyaient