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PIERRE CURIE

qui nous entoure. Je croyais qu’il fallait exagérer ses défauts comme ses qualités. »

Telles étaient les pensées de celui qui, sans fortune lui-même, souhaitait associer sa vie à celle de l’étudiante sans fortune qu’il avait rencontrée.

Au retour des vacances, nos relations amicales nous sont devenues de plus en plus chères, chacun comprenant qu’il ne pouvait trouver un meilleur compagnon d’existence. Notre mariage fut donc décidé et eut lieu le 25 juillet 1895. Conformément à nos goûts communs, la cérémonie a été réduite au strict minimum ; elle a été civile, car Pierre Curie n’appartenait à aucun culte, et moi-même je n’étais pas pratiquante. Les parents de Pierre Curie m’accueillirent avec la plus grande cordialité et, réciproquement, mon père et mes sœurs, qui assistaient à mon mariage, furent heureux de connaître la famille dont j’allais faire partie.

Notre première installation, extrêmement modeste, consistait en un petit logement de trois pièces situé rue de la Glacière, non loin de l’École de physique. Son mérite principal était d’avoir vue sur un vaste jardin. L’ameublement, très sommaire, se composait d’objets ayant appartenu à nos parents. Nos ressources ne nous permettaient pas de nous faire servir. Je devais donc assurer presque entièrement les soins du ménage, ce dont j’avais pris l’habitude pendant ma vie d’étudiante.

Le traitement de professeur de Pierre Curie était de six mille francs par an, et nous tenions à ce qu’il ne s’imposât pas d’occupations supplémentaires, tout au moins au début. Pour ce qui me concerne, j’entre-