Page:Curie - Pierre Curie, 1924.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
RÊVES DE JEUNESSE

poste de préparateur dès l’âge de dix-neuf ans, au lieu de continuer librement ses études pendant deux ou trois ans encore. Absorbé par ses occupations professionnelles et par ses recherches, il dut renoncer à suivre les cours de mathématiques supérieures et ne passa plus d’examens. Par contre, il fut dispensé des obligations du service militaire, conformément aux avantages accordés à cette époque aux jeunes gens qui prenaient l’engagement de servir dans l’enseignement public.

C’était alors un jeune homme grand et mince, aux cheveux châtain, d’aspect timide et réservé. L’impression d’une vie intérieure profonde se dégage pourtant du jeune visage tel qu’il apparaît sur une bonne photographie du groupe familial composé par le docteur Curie, sa femme et ses deux fils. La tête est appuyée sur la main dans une pose d’abandon et de rêverie, et on ne peut s’empêcher de trouver frappante l’expression des grands yeux limpides à la forme allongée qui semblent suivre quelque vision intérieure. Son frère auprès de lui offre un contraste saisissant par ses cheveux bruns, son regard plein de vivacité et son allure décidée.

Les deux frères s’aimaient tendrement et vivaient en bons camarades, ayant coutume de travailler en commun au Laboratoire et de se promener ensemble aux heures de liberté. Ils avaient quelques amis d’enfance, avec lesquels ils conservèrent des relations affectueuses par la suite : Louis Depoully, leur cousin, qui devint docteur en médecine, Louis Vauthier, qui devint également médecin, Albert Basille, qui devint ingénieur des postes et télégraphes.