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PIERRE CURIE

fréquemment renouvelées. Quoique élevée pour une existence aisée, la mère de Pierre Curie accepta avec un courage tranquille les conditions de vie précaires qui s’offraient à elle, et fit preuve d’un dévouement extrême pour faciliter la vie de son mari et de ses enfants..

Si donc le milieu familial où grandirent Jacques et Pierre Curie était modeste et non exempt de soucis, il y régnait néanmoins une atmosphère de douceur et d’affection. En me parlant pour la première fois de ses parents, Pierre Curie me dit qu’ils étaient « exquis ». Ils l’étaient, en effet ; lui, un peu autoritaire, d’un esprit toujours éveillé et actif, d’un désintéressement rare, ne voulant, ni ne sachant profiter de ses relations personnelles pour améliorer sa situation, aimant tendrement sa femme et ses fils, et toujours prêt à aider ceux qui avaient besoin de lui, — elle, petite, vive de caractère et, bien que sa santé eût été endommagée par la naissance de ses enfants, toujours gaie et active dans la simple demeure qu’elle savait rendre attrayante et hospitalière.

Quand je les ai connus, ils vivaient à Sceaux, rue des Sablons (aujourd’hui rue Pierre Curie), dans une petite maison de construction ancienne, très retirée parmi la verdure d’un joli jardin. Leur vie était paisible. Le docteur Curie faisait les courses qu’exigeait son service, soit à Sceaux, soit dans les localités voisines ; en dehors de cela, il lisait ou s’occupait de son jardin, Des parents proches ou des voisins venaient leur rendre visite le dimanche ; le jeu de boules ou les échecs étaient alors des