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LA FAMILLE CURIE

d’une balle qui lui brisa une partie de la mâchoire. Un peu plus tard, pendant une épidémie de choléra, il s’installa, pour soigner les malades, dans un quartier de Paris déserté par les médecins. Pendant la Commune, il établit une ambulance dans son appartement (rue de la Visitation), au voisinage duquel se trouvait une barricade, et il y soigna les blessés ; cet acte de civisme et ses convictions avancées lui valurent l’abandon d’une partie de sa clientèle bourgeoise. Il accepta alors une situation de médecin inspecteur du service de protection des enfants en bas âge ; ces fonctions lui permettaient de vivre dans la banlieue de Paris où les conditions de santé pour lui et pour sa famille étaient meilleures qu’en ville.

Le docteur Curie avait des convictions politiques très fermes. Idéaliste par tempérament, il s’était épris avec ardeur de la doctrine républicaine telle qu’elle inspirait les révolutionnaires de 1848. Il était lié d’amitié avec Henri Brisson et les hommes de son groupe ; comme eux libre-penseur et anticlérical, il ne fît point baptiser ses fils et ne les fît participer à aucune espèce de culte.

La mère de Pierre Curie, Claire Depoully, était fille d’un industriel établi à Puteaux ; son père et ses frères se sont distingués dans l’industrie par de nombreuses inventions. La famille était originaire de Savoie ; elle fut ruinée par suite du bouleversement apporté dans les affaires par la Révolution de 1848. Ces revers de fortune, joints à ceux qu’éprouva le docteur Curie dans sa carrière, firent que lui et les siens vécurent toujours en réalité dans une gêne relative, avec des difficultés d’existence