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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

à l’uranium, on peut estimer qu’il n’y a pas de contradiction entre les valeurs de ω qui conviennent à Pb et à U d’après la courbe d’Aston et celles qu’on déduit du dégagement d’énergie dans les transformations successives depuis Ul à Pb206. Cette série de transformation comprend, par atome transformé, l’émission successive de 8 particules α et de 6 électrons nucléaires ; à la perte de masse calculée comme pour des particules au repos, égale à 32,012 unités de masse atomique, vient donc s’ajouter celle qui correspond à l’énergie des rayons émis et que l’on évalue, soit d’après la mesure de leurs vitesses, soit par celle de l’effet calorifique dû à leur absorption. La perte de masse supplémentaire ainsi évaluée est environ 0,05 unités de masse atomique, d’où un total de 32,06 unités. La différence entre les écarts à partir d’un nombre entier pour Ul et Pb206 devrait donc être environ 0,06, ce qui paraît conforme à la courbe d’Aston extrapolée.

Quand on envisage une transformation nucléaire provoquée, telles qu’il peut s’en produire par le choc de rayons α sur des atomes légers, il est devenu usuel d’établir le bilan énergétique de la transformation, en vue d’en contrôler la probabilité. Dans les considérations de ce genre, il est nécessaire de faire intervenir les variations d’énergie interne, qui correspondent à l’effet de condensation.

9. — Théorie de désintégration radioactive de Gamow.

La force de répulsion qui existe entre un noyau d’atome et une particule α placée à l’extérieur de celui-ci, à une distance r de son centre, est conforme à la loi de Coulomb tant que r reste supérieur à une limite r0 qu’on peut considérer comme le rayon du noyau. Jusqu’à cette limite l’énergie potentielle U de la particule dans le champ du noyau varie en raison inverse de r. Quand r < r0, les forces attractives commencent à agir ; U subit une diminution rapide et prend une valeur minimum U0 dans la région centrale du noyau (fig. 11), où une particule α peut séjourner. Le maximum Um de U, situé dans la zone limite du noyau, constitue une « barrière de potentiel » qui s’oppose à la pénétration de l’extérieur vers l’intérieur et inversement, pour toute particule dont l’énergie E est inférieure à Um. Au point de vue de la mécanique classique une telle pénétration est impossible, — mais au point de vue de la mécanique ondulatoire, il existe toujours, pour le pas-