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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

l’atome He n’ayant pas changé de masse, la perte d’énergie ci-dessus calculée porte sur la formation du noyau d’hélium ou « helion » à partir des 4 protons et 2 électrons constituants. Ainsi l’énergie de cohésion du noyau d’hélium est considérable, et il doit en être de même de sa stabilité.

Dans tous les atomes autres que l’hydrogène, la masse du proton est, comme dans l’hélium, en moyenne beaucoup plus voisine de 1 que celle du proton libre. Par conséquent, pour tout atome, la construction à partir de protons et d’électrons entraîne une perte d’énergie considérable. Si, d’autre part, on envisage la formation d’atomes d’hélium comme première étape et que l’on forme des atomes suivants à l’aide d’atomes d’hélium, en aussi grand nombre que possible, avec addition de quelques protons et électrons, l’énergie mise en jeu dans ce deuxième processus est beaucoup moins grande que dans le premier. Ces considérations permettent d’entrevoir pourquoi, dans les transformations radioactives, on observe l’émission de noyaux d’hélium et non celle de protons.

On admet fréquemment que les éléments se rangent par leurs poids atomiques dans 4 séries, pour lesquelles P est respectivement du type 4n, 4n + 1, 4n + 2 et 4n + 3, n étant le nombre des particules α constituantes. Le nombre de protons non engagés dans les noyaux d’hélium, est alors, au plus, égal à 3, et parmi les électrons nucléaires il y en a 2n faisant partie des noyaux d’hélium. Pour un tel aggrégat, le volume pourrait être peu différent de la somme des volumes des éléments, auquel cas le rayon du noyau serait approximativement proportionnel à . L’énergie de cohésion, calculée à partir des éléments de structure ainsi choisis, augmente avec n jusque vers n = 30, passe par un maximum et décroît à nouveau pour les valeurs de n plus élevées.

La relation entre la stabilité du noyau et le coefficient de condensation ou l’énergie de cohésion n’apparaît pas encore clairement. Pour les éléments non radioactifs on manque de base pour définir le degré de stabilité. Pour un radioélément, la stabilité est définie par la radioactive λ qui figure dans la loi exponentielle de transformation. La variation de λ avec P offre une allure complexe qui n’est nullement conforme à celle de la variation linéaire présumée de ω avec P dans la même région. Cependant, sans avoir jusqu’ici des déterminations directes de ω du plomb