— Absolument J’ai profité de ses trouvailles, voilà tout.
— Et ce voleur ?
— Est en auto, gardé à vue, à la porte de la banque.
— Vous l’avez amené ?
— Après lui avoir fait subir un premier interrogatoire.
— Qu’a-t-il dit ?
— Beaucoup de choses, qu’il redira sans doute devant vous.
— Faites-le venir immédiatement.
— Si vous le voulez bien, dans un instant ; je prie monsieur Weld de ne pas assister à l’interrogatoire qui va avoir lieu.
— En effet ! je pourrais correspondre par signes avec cet homme que vous croyez sans doute mon complice, n’est-il pas vrai ?
— Je savais, monsieur, que vous alliez prendre la chose ainsi, et cependant, je pense que vous avez tort, maintenant comme tout à l’heure, de me croire votre ennemi. Je ne cherche que la vérité et si, comme tout le monde le désire, celle-ci vous est favorable, vous avez tout intérêt à me laisser faire.
— Cependant, Stockton, j’aurais voulu que toute l’instruction fut conduite à découvert, si je puis dire, devant monsieur Weld.
— Je le sais, monsieur Suttner, mais si l’homme qui est en bas se trouve en face de monsieur Weld, avant que vous l’ayez interrogé, j’ai peur qu’il revienne sur ses précédentes déclarations.
— Vos paroles sont énigmatiques. Vous nous cachez quelque chose.
— Non. Je ne sais rien de plus que vous. Tout au plus pourrais-je « supposer »… Mais je garde, vous le savez, mes déductions par devers moi. C’est une vieille habitude et je m’en trouve bien.
— Expliquez-vous cependant.
— Voilà, c’est une impression que j’ai, une impression bien vague, pas du tout définie, mais il me semble que si monsieur Weld voulait bien se prêter à ce que je demande, s’il voulait nous laisser mener ici-même à bonne fin, l’interrogatoire de l’homme qui est en bas, menottes aux poings, nous arriverions, je le crois, plus vite à établir la vérité. Reste à savoir s’il a intérêt à ce que celle-ci soit établie au plus vite.
— Et vous dites, monsieur, que vous n’êtes pas mon ennemi.
— je vous en donne ma parole, vous entendez bien, monsieur Weld, ma parole.
— En tous cas, reprit Suttner, vous ferez ce que vous voudrez, Weld. Je veux tenir jusqu’au bout la promesse que je vous ai faite ; donc décidez vous-même ?
Miss Cécil avait senti dans la voix, dans les paroles de Stockton, comme malgré tout, une sympathie inavouée, elle regarda son fiancé :
— Faites ce qu’on vous demande, Georges, je suis sûre que c’est dans votre intérêt !
Weld se leva :
— je céderai donc à votre désir, monsieur Stockton. Fasse le ciel que vous arriviez à découvrir la vérité, personne le souhaite plus que moi.
Et mettant tout son cœur dans le regard qu’il jeta à miss Cécil, Weld sortit aussitôt après et pénétra dans son bureau, où Horner surveillait le lent et pénible travail des ouvriers.
Dès qu’il fut sorti, Suttner se tourna vers Stockton :
— Pouvez-vous maintenant vous expliquer ?