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ÉCRIVAINS CHRÉTIENS SECONDAIRES

tres chrétiens d’expliquer les auteurs profanes qui en fut l’occasion[1]. En tout cas, elle se prolongea bien après la mort de Julien et la disparition de son édit ; et, en fait, il paraît plus naturel d’y voir un essai qui avait pour but de soustraire la jeunesse chrétienne à l’influence des auteurs païens. Apollinaire le père, ancien grammairien d’Alexandrie, devenu prêtre à Laodicée, avait versifié, dans la forme classique, de prétendus poèmes chrétiens, dont il ne subsiste rien. Son fils, non moins zélé, mit en vers l’histoire sainte jusqu’à Saül (xxiv chants), composa selon la formule d’Euripide et de Ménandre des comédies et des tragédies, et ne craignit même pas d’imiter Pindare. Nous possédons de lui une Paraphrase des psaumes, en hexamètres, où le caractère propre de la poésie biblique s’efface sous les réminiscences de l’ancienne épopée[2].

Makédonios, père du macédonianisme, et Marcellus d’Ancyre, représentant et réformateur du sabellianisme au ive siècle, n’intéressent que l’histoire du dogme chrétien. — Il en est à peu près de même de Didyme l’aveugle (de 310 à 395 environ), malgré l’influence qu’il exerça comme chef de l’école d’Alexandrie au ive siècle, et malgré le mérite de ses écrits. Adversaire de l’arianisme dans son traité Sur la Trinité (Περὶ Τριάδος), il s’était montré le disciple d’Origène dans ses nombreux ouvrages exégétiques, et il fut condamné plus tard comme origéniste[3]. Mais s’il importe de le signaler ici, c’est surtout parce que nous voyons, grâce à lui, se perpétuer à travers tout le ive siècle la méthode alexandrine de l’interprétation allégorique, si curieuse par la

  1. Sozomène, Hist. eccl., V, 18.
  2. Patrol. grecque, de Migne, t.  XXXIII, p. 1313.
  3. Sur Macedonius et Marcellus, voir Bardenhewer, § 222 et 223. Sur Didyme, même ouvr., § 53.