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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

Timon était né à Phlionte, vers la fin du ive siècle[1]. On raconte qu’il fut d’abord danseur. Il entendit ensuite Stilpon à Mégare, puis Pyrrhon à Élis. Il devint philosophe et sophiste. Son existence fut longtemps très vagabonde. Comme les sophistes, il donnait des séances pour de l’argent. Il séjourna successivement à Byzance, à Chalcédoine, en Macédoine, à Thèbes, probablement aussi à Alexandrie, enfin à Athènes, où il passa la plus grande partie de sa vie. Il fut en relations avec beaucoup des écrivains célèbres de son temps. Les rois Antigone Gonatas et Ptolémée Philadelphe lui témoignèrent de la bienveillance. Il eut une grande réputation, et mourut à quatre-vingt-dix ans, dans la seconde moitié du iiie siècle[2].

Il avait laissé de nombreux ouvrages en prose et en vers. On ignore à quel genre appartenaient ses ouvrages en prose. Parmi ses poèmes, il y avait des tragédies, des drames satyriques, des iambes[3], un ouvrage intitulé Python[4], et surtout deux poèmes très célèbres, les Silles (Σιλλοί, railleries) et les Images (Ἰνδαλμοί), où il touchait à la philosophie. Il nous reste quelques vers seulement des Images, mais cent quarante des Silles, et nous pouvons nous faire quelque idée du poème, dont Diogène nous donne le plan[5].

Les Silles étaient une revue de tous les systèmes philosophiques, tournés en ridicule dans une sorte de

  1. Diog. L., IX, 109-116, Fragments dans Mullach (Didot), Fragm. Phil. Graec., I, p. 83 et suiv. ; et dans Wachsmuth, Sillogr. Graec., Reliq., Leipzig, 1885.
  2. Sur son âge, v. Diog. L., IX, 112. On croit qu’il survécut à Arcésilas et à Cléanthe, parce que, dans les Silles, il les met aux enfers (Susemihl, p. 114). Mais cela ne semble ni certain ni concluant.
  3. Diog. L., IX, 110.
  4. Diog. L., IX, 64 ; 76 ; 105 ; etc.
  5. Diog. L., IX, 111.